Etc'est dans ce sens que j'utilise la terminologie "sport de combat" dans le titre. La bienveillance demande beaucoup d'entrainement, d'attention, de pratique, de contrôle, d'endurcissement, de
Ici la question était de savoir si la liberté est ou n'est pas une illusion de la conscience. C'est ce qui a été traité dans le développement organisé sous forme de trois axes : la conscience de la liberté, le problème du déterminisme, et la possibilité d'atteindre une liberté véritable. Dans un premier temps, nous
Dansconscience, il y a le terme "science". Au sens large, la science est savoir, une connaissance de la réalité. La conscience, c'est la connaissance subjective que l'être conscient a de :. son environnement et de son corps (sensation ou conscience du monde); son esprit (conscience de soi).; Mais cette conscience est une expérience personnelle,
Fast Money. Fiche de cours la conscience Conscience psychologique La conscience est étymologiquement un savoir » accompagnant l'existence, la pensée et l'action d'un sujet. Comme présence à soi et aux choses, la conscience est dite psychologique. I/ Conscience morale En se distanciant des objets sur lesquels elle porte, la conscience peut les juger elle peut évaluer ce qui est les faits d'après ce qui doit être les valeurs. En ce sens, la conscience est morale. A La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience, illusion du sujet ? La conscience est ambiguë si rien n'est connaissable sans elle comment savoir quelque chose sans en avoir conscience ?, elle n'en est pas moins sujette à l'erreur et à l'illusion. En effet, le sujet tend à prendre ce dont il a conscience son point de vue particulier pour la seule réalité existante, et ainsi à s'illusionner sur le réel. Le sujet, illusion de la conscience ? Or, l'illusion fondamentale du sujet conscient ne porte-t-elle pas sur lui-même ? La conscience d'être un sujet véritable n'est-elle pas la plus grande illusion ? Kant nous assure du contraire Le je prouve que j'agis par moi-même, que je suis un principe et non un résultat ». Se dire libre c'est se poser comme le sujet de ses actions et de sa pensée c'est moi qui agis et qui pense. C'est avoir conscience de soi comme d'un être ayant une identité personnelle unifiée, stable, et capable de se déterminer lui-même. Mais cette conscience est-elle fiable ? La conscience d'exister comme sujet pensant prouve-t-elle vraiment l'existence d'un tel sujet, ou n'est-elle qu'une illusion ? Faut-il dire cogito je pense » avec Descartes, ou cogitatur ça pense » avec Nietzsche ? Mais si le sujet n'existe pas comme principe, disparaît-il alors moralement, c'est-à-dire comme valeur ? L'idée de sujet conscient perd-elle toute valeur ? La réponse de Descartes Le doute retourné contre le scepticisme C'est pour vaincre le scepticisme, donc pour fonder le dogmatisme établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences », que Descartes entreprend de douter de tout. En effet, il voit dans le doute le moyen d'atteindre l'indubitable une pensée absolument certaine résistant absolument au doute. Ce doute méthodique repose principalement sur les arguments du rêve ne produis-je pas moi-même toutes mes pensées ? et du malin génie ne serais-je pas le jouet d'un être trompeur ?. Quelle garantie ai-je d'être bien réglé » ou bien calibré » comme on le dit d'un instrument de mesure ? Qu'est-ce qui me prouve que ce à quoi je pense existe vraiment et que mes idées correspondent à la réalité ? Le cogito je pense donc je suis Descartes découvre qu'une pensée résiste au doute c'est qu'il est vrai que j'existe, moi qui pense cogito, — si je n'existais pas, je ne pourrais ni penser ni douter de mon existence ! Je ne peux pas ne pas être, quand je pense que je suis. L'existence du sujet pensant ou doutant est une évidence indubitable. Mais que suis-je ? Je suis une chose pensante », une substance pensante et consciente un sujet absolu, un esprit, une âme. La conscience est l'évidence fondamentale, la connaissance constituant le fondement et le modèle de toute vérité . Comment trouver des cours de philo ? B Avoir conscience, est-ce juger ? Une relation de soi aux choses et de soi à soi Selon l'étymologie latine, la conscience est un savoir accompagnant quelque chose. Elle signifie donc que quelque chose est su par le sujet ; le sujet se sait en relation avec une réalité, perçue plus ou moins clairement. Conscience psychologique et conscience morale La conscience peut porter sur des faits ce qui est ou sur des valeurs ce qui doit être. Dans le premier cas, la conscience est dite psychologique. Elle est spontanée et/ou réfléchie. Son objet est extérieur les choses ou intérieur la vie subjective ; présent attention..., passé souvenir, regret... ou futur attente, projet... ; possible hypothèse... ou impossible imagination, illusion.... Elle émet des jugements de fait ou d'existence il y a ceci, ceci est cela…. Dans le second cas, la conscience est dite morale elle émet des jugements de valeur. Elle est alors comme un juge intérieur, évaluant ce qui est faits, actes, pensées… d'après ce qui doit être, c'est-à-dire d'après des valeurs ou des normes morales, religieuses, politiques, juridiques, esthétiques.... Toute conscience est-elle morale ? Mais faut-il vraiment séparer la conscience psychologique de la conscience morale ? Ne serait-ce pas, comme le dirait Descartes, prendre une distinction formelle valable seulement en pensée pour une distinction réelle valable dans la réalité ? En effet, toute conscience est toujours un certain écart par rapport à ce qui est. Or, toute prise de distance n'implique-t-elle pas une certaine évaluation et un certain choix ? La conscience n'est-elle pas alors essentiellement morale ? La réponse de Alain La conscience fait face à ce qui est... Perdre conscience s'évanouir, c'est cesser d'être présent à soi et au monde. Au contraire, revenir à soi, c'est revenir au monde, c'est-à-dire précisément à autre chose que soi » Paul Valéry. La conscience psychologique fait qu'un être n'est pas seulement dans le monde une chose parmi les choses, mais est aussi devant le monde un sujet face à un objet, ou face à d'autres sujets . ... et le juge au nom des valeurs Or, parce qu'elle est l'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses », la conscience permet la reprise critique de ce qui est. Parce qu'elle oppose ce qui doit être la norme à ce qui est le fait, la conscience est toujours morale elle juge et elle incite à rectifier ce qui n'est pas fidèle à ses valeurs. La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé absolument car noblesse oblige », conclut Alain.
Objectif Comprendre le lien entre la conscience et la connaissance de soi. Points clés La conscience permet la connaissance de soi car elle est certitude. Cependant, cette connaissance est subjective et conditionnée. L'inconscient a un rôle important dans la connaissance de soi, et s'en rendre compte nous rend plus lucide. La conscience est la faculté par laquelle l'homme est capable de penser ce qu'il vit et dès lors de se penser lui-même. On pourrait donc admettre que la conscience que l'on prend de soi-même équivaut à une connaissance de soi. Or, s'il ne fait pas de doute que la conscience permet de savoir que l'on est, il n'est pas assuré qu'elle favorise nécessairement la connaissance de ce que l'on est. Autrement dit, le fait d'être conscient de soi induit-il le fait de se connaître soi-même ? 1. La conscience rend possible la connaissance de soi a. Se connaître soi-même est le principe de toute sagesse Chacun aspire à savoir qui il est. Il semble que ce soit la condition essentielle pour mener une existence sensée et cohérente. En l'absence de cette connaissance, je cours le risque de m'égarer, d'entreprendre des projets ou de tenir des discours dans lesquels demain je ne me reconnaîtrai plus. Ne pas se connaître ou se faire des illusions sur soi conduit inévitablement à l'échec. b. La conscience est équivalente à la pensée C'est au XVIIe siècle, avec Descartes, que la conscience de soi est posée comme la terre natale de la vérité », et comprise comme certitude résistant au doute la certitude naît du doute. Descartes montre que par l'intermédiaire du doute, la conscience fait, en quelque sorte, l'expérience de la certitude de l'existence de soi Discours de la méthode, 1637. Descartes se propose de rejeter comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance, qui fût entièrement indubitable. [...] Mais aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. » Autrement dit, pour que le doute soit possible, il faut nécessairement un sujet qui doute le doute suppose, en effet, la pensée, laquelle suppose à son tour un sujet pensant. Descartes parvient ainsi à une première vérité, à un premier fondement, le cogito », à partir duquel il va pouvoir établir les principes de sa philosophie. c. L'introspection comme outil de connaissance de soi Cela ne suffit pas à me faire connaître qui je suis mais seulement à savoir que je suis. Pourtant, la conscience est aussi perception de ce que je vis et de ce que cela suscite en moi, des pensées, des désirs, des émotions... Il suffirait donc que je m'observe moi-même pour pouvoir m'analyser et me comprendre. 2. La conscience ne favorise pas une connaissance de soi objective a. Les limites de l'introspection L'introspection n'est pas un instrument de connaissance de soi satisfaisant. En effet, il est toujours possible que lorsque j'interprète mes actes ou mes sentiments, je me trompe. Je peux voir du courage là où ne réside que de la vanité, ou bien de la générosité où ne se trouve que le souci de reconnaissance. b. Les illusions de l'amour-propre Cette absence d'objectivité lorsque je m'examine moi-même s'explique en partie par le fait que je suis à la fois juge et partie. Je me juge moi-même et dans cette situation l'amour-propre interfère. Comment dès lors acquérir suffisamment de distance pour me considérer comme je suis et non comme je souhaiterais être ? c. Le conditionnement social de la conscience De plus, Marx a montré que la conscience n'est pas pure » et première ou préexistante. Ce qui est premier et qui détermine notre conscience ce sont les conditions matérielles de notre existence. Dès lors, parvenir à la connaissance de soi ne repose pas sur la conscience de soi mais sur la mise au jour des rapports déterminés qui constituent notre être social. Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » Avant-propos à la Critique de l'économie politique 3. La découverte de l'inconscient rend possible l'émergence d'une conscience plus lucide a. La conscience est déterminée par l'inconscient Freud a été plus loin encore dans ce travail de destitution de la conscience comme instrument de connaissance de soi. Il a montré que la conscience est déterminée par le jeu de forces inconscientes qu'elle ignore. La psychanalyse, écrit Freud, peut dire au moi Il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta connaissance et à la maîtrise de ton vouloir. » Essais de psychanalyse appliquée, Une difficulté de la psychanalyse », 1917 b. La démarche de Freud nous donne les moyens de mieux nous connaître Il reste que même si le moi n'est plus maître dans sa propre maison », selon l'expression de Freud, le travail de celui-ci a contribué à porter à la conscience cet état de fait. Autrement dit, nous sommes conscients de subir les déterminations de notre inconscient. Cela ne suffit pas à délivrer une connaissance de soi, mais cela ouvre la voie à un travail sur soi sans cela impossible. c. La conscience réformée introduit à une connaissance de soi partielle mais lucide Nous devenons plus lucides sur nous-mêmes parce que nous parvenons à mettre à jour les déterminations qui pèsent sur nous, y compris sur notre conscience. Ce faisant, même si nous découvrons que la transparence à soi est impossible, nous parvenons à réformer notre conscience et à la libérer partiellement des illusions qu'elle nourrit. Là où le ça était, le je doit advenir », écrit Freud Wo Es war, soll Ich werden ». Autrement dit, il s'agit de permettre à un sujet lucide de se constituer à la place d'un être déterminé par des pulsions qui le gouvernent sans qu'il le sache. Vous avez déjà mis une note à ce cours. Découvrez les autres cours offerts par Maxicours ! Découvrez Maxicours Comment as-tu trouvé ce cours ? Évalue ce cours !
Introduction Pourrais-je avoir la certitude de mon existence et de mon identité si j'étais entièrement seul ? Cette question invite à interroger le rôle de la présence d'autrui dans la constitution de la conscience et plus précisément de la conscience de soi. On croit communément que ce sont des données originaires, que la conscience est notre modalité d'être spontanée et que chacun a la connaissance immédiate de son identité c'est-à-dire de ce qu'il a de commun avec les autres hommes identité humaine et de distinct d'eux identité personnelle. L'énoncé suggère implicitement qu'il y a peut-être là, une naïveté, car l'expression prendre conscience de soi » connote l'idée d'un processus. La question est de savoir ce qui le rend possible. Faut-il suivre Descartes et croire que la démarche conduisant un sujet au savoir de son existence et de son identité ne passe pas par les autres, qu'elle s'effectue dans la solitude d'une méditation et même dans une expérience proprement solipsiste? Thèse La conscience que le sujet prend de lui-même est une expérience solitaire. Car renversement dialectique est-il légitime de croire que la conscience et la subjectivité soient des données originaires ? Il est douteux que l'enfant sauvage ait une conscience de lui-même et du monde, développée. Il faut pour cela les apprentissages linguistiques par lesquels on peut se mettre à distance du monde et de soi-même pour signifier et se représenter or un milieu de paroles est un milieu où l'autre est omniprésent. Il faut la présence de l'autre pour qu'un Je », une identité se saisisse par rapport à un tu » ou une altérité. Il faut le miroir de la raison des autres pour se découvrir soi-même comme participant d'une dimension commune. Il faut aussi la lutte à mort des consciences pour se découvrir désir de reconnaissance et de liberté. Et plus intimement encore, l'idée qu'un homme se fait de lui-même est largement tributaire de la confiance, de l'amour ou du mépris dont il se sent l'objet. Tout porte à croire que la subjectivité n'est pas une citadelle, extérieure au réseau de relations dans lesquelles elle se construit et se représente à elle-même. Autrui est toujours déjà présent à la conscience de soi passe par lui. Antithèse l'intersubjectivité est la condition de la subjectivité. Néanmoins Dépassement qu'autrui soit un médiateur entre soi et soi-même ne signifie pas que la prise de conscience de soi exclue le retour solitaire sur soi. Le sujet peut se saisir aussi réflexivement or la réflexion n'est jamais aussi féconde que lorsqu'elle n'est pas aveuglée par les puissances trompeuses, d'ordinaire si efficientes dans la vie sociale l'amour propre par exemple ou la mauvaise foi. L'effort de lucidité exige parfois, de se retirer du commerce des hommes pour faire la lumière sur un objet, ici sur soi-même, mais cette solitude là n'est pas une expérience solipsiste. Elle est toute bruissante de la présence des autres même dans leur absence. On peut ainsi se demander si ce qui fait la fécondité de la retraite cartésienne n'est pas précisément cette manière de ne pas être seul, de porter l'autre en soi, d'une manière si absolue que cet autrui intérieur, Descartes l'appelle Dieu. Descartes n'est pas au milieu des autres lorsqu'il affronte la question Qu'est-ce que je peux tenir pour certain ? ». Il s'est retiré dans son poêle, dans le silence et la solitude propices à la méditation. Celle-ci est un exercice spirituel dans lequel le sujet fait retour sur lui-même pour se pénétrer d'une vérité. C'est une conscience seule avec elle-même qui va faire l'expérience de l'évidence de son existence et de son essence. Descartes est même si seul qu'il a perdu le monde. La réfutation des certitudes sensibles l'a anéanti et avec lui, l'existence des autres. Or c'est précisément au moment où il a fait le vide qu'il découvre qu'il peut douter de tout sauf du sujet qui doute. Je pense donc je suis ». A l'instant où je pense, même si ce que je pense est douteux, il y a quelque chose qui résiste au doute. C'est le sujet de ce doute. Je suis certain de mon existence et je suis certain que cette existence est celle d'une substance pensante. La prise de conscience de soi est bien chez Descartes une opération solitaire et même solipsiste. Car si la conscience peut s'assurer d'elle-même dans la mesure où elle a un rapport d'intériorité avec elle-même, elle ne peut être certaine de l'existence d'une autre conscience puisque pour avoir cette certitude il faudrait être cette autre conscience. La conscience de soi se découvre coupée de toute autre certitude que la certitude d'elle-même. Elle ne peut pas être sûre que les images des choses extérieures soient autre chose que les images d'un rêve. Problématisation transition. Ce qui fait problème à plus d'un titre car y a-t-il sens à vider la conscience de tout objet intentionnel ? Toute conscience est conscience de quelque chose » affirme Husserl. La phénoménologie tire de cette observation l'idée que l'anéantissement de l'objet est aussi l'anéantissement du sujet qui se projette vers lui. A vouloir saisir un être là où il n'y a qu'un acte ou un mouvement on trahit l'expérience réelle de la conscience. Le solipsisme, de même, est problématique car l'existence d'autrui est pour chacun de nous une évidence pré réflexive et on ne voit pas comment un sujet pourrait advenir à la conscience, à la subjectivité, au sentiment de son identité s'il était privé de la présence des autres. Le sujet cartésien n'est pas un sujet originaire. Il est le résultat d'une formation, d'un milieu culturel c'est-à-dire d'un contexte où les autres sont omniprésents. Ainsi s'il peut s'assurer de leur existence par un raisonnement par analogie, son tort est d'oublier qu'avant d'être capable de raisonner et simplement de pouvoir dire Je, le commerce des autres est nécessaire. Il est nécessaire pour développer les aptitudes proprement humaines la bipédie, la propreté, la parole, la pensée, la normativité de la conduite etc. Hors d'un milieu social le soumettant aux apprentissages requis, soit par mimétisme soit par transmission éducative, le petit de l'homme, comme le montre l'exemple de l'enfant sauvage, n'actualise pas les virtualités de la nature humaine. Celle-ci est tout autant le produit d'un contexte culturel qu'elle en est la condition de possibilité. Ainsi comment serait-il possible d'advenir à la dimension de la subjectivité, à la conscience de son identité si l'on ne se construisait pas dans un milieu de parole et dans un contexte intersubjectif ? L'opération par laquelle une conscience se constitue comme pouvoir de séparation, de division d'avec soi et d'avec le monde est en effet le langage. C'est lui qui médiatise notre rapport à nous-mêmes et notre rapport au monde. En deçà de l'expérience linguistique il n'y a pas de scission sujet-objet, pas de visée de soi-même comme un être distinct du monde des choses et des autres. Dès lors ne peut-on pas se demander, avec la linguistique, ce que le sentiment de notre identité personnelle doit à la capacité de disposer linguistiquement du Je, du tu et aussi de porter un nom? Il ne s'agit pas de dire que le moi est un simple produit de la grammaire ce serait oublier que les langues sont des créations de l'esprit humain, mais de ne pas méconnaître qu'on construit le réel à travers les catégories d'une langue, ce qui n'est pas sans incidence sur la construction de sa propre identité. Benveniste, par exemple, insiste sur le fait que le sujet ne préexiste pas aux actes d'énonciation mais est au contraire institué par eux. La personnalité, la subjectivité au sens psychologique et moral se constitue à l'intérieur du langage. Nous tenons que cette subjectivité » ...n'est que l'émergence dans l'être d'une propriété fondamentale du langage. Est ego » qui dit ego ». Nous trouvons là, le fondement de la subjectivité » qui se détermine par le statut linguistique de la personne ». La conscience de soi n'est possible que si elle s'éprouve par contraste. Je n'emploie je qu'en s'adressant à quelqu'un qui dans son allocution sera un tu. C'est cette condition du dialogue qui est constitutive de la personne, car elle implique en réciprocité que je deviens tu dans l'allocution de celui qui se désigne à son tour par je » Emile Benveniste. Problème de linguistique générale. 1956. Autrui est aussi le médiateur entre soi et soi-même parce que la présence d'autrui donne une distance sur soi-même sans laquelle la conscience reste engluée dans le vécu. Celle-ci ne peut déployer ses ressources qu'en prenant sur elle-même le point de vue de l'extériorité. Or par sa fonction objectivante le regard de l'autre assigne à un tel regard sur soi-même. D'où l'expérience récurrente de la honte. Dans certaines situations on se serait bien passé de se voir comme une conscience peut se voir ! Voilà pourquoi Sartre affirme que la honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un » et que Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi-même.» Sartre. Il ne s'ensuit pas que la conscience personnelle soit sous la totale dépendance de l'autre, par où il faudrait parler d'aliénation Cf. L'enfer c'est les autres » mais que pour rompre l'intimité de soi avec soi et développer ses capacités personnelles de jugement, la présence d'autrui est nécessaire. Elle l'est aussi parce que le jugement doit obéir à une norme de vérité et d'objectivité. Or comment cette exigence pourrait-elle se faire jour si l'on ne frottait pas sa cervelle à celle d'autrui ? Seul le dialogue avec l'autre permet de prendre la mesure de l'étroitesse d'un point de vue reçu sans examen. Seul l'effort de penser en se mettant à la place de tout autre » Kant, peut élargir la pensée à la dimension de l'universel, ce qui est l'enjeu de l'activité pensante. Le rapport dialogique dramatise l'essence même de la pensée et tout se passe comme s'il était la condition de possibilité de la pensée véritable au sens où elle est le dialogue de l'âme avec elle-même » Platon. Il s'ensuit que si l'impératif delphique Connais-toi toi-même » invite à la connaissance de l'universel en soi la raison, seule la raison de l'autre peut être le miroir de la sienne. C'est ce qu'explique Platon dans Alcibiade, en comparant l'intellection à la vision. L'œil sert à voir mais il ne peut se voir lui-même qu'en se réfléchissant dans la pupille d'un autre œil. Ainsi en est-il de la raison humaine. Elle sert à connaître mais pour se connaître elle-même, elle a besoin du miroir de la raison de l'autre. Dans l'échange dialogique chacun découvre que la mesure du vrai n'est ni l'un ni l'autre mais une faculté commune, celle à laquelle il faut s'élever pour accomplir son humanité. Cf. Texte. Enfin si par soi-même on entend le sujet affectif, sensible, il va de soi que son rapport à lui-même est par définition tributaire de son rapport aux autres. Freud a montré que la personnalité psychique se construit dans une histoire infantile dans laquelle les relations affectives sont déterminantes. Chacun intériorise consciemment ou inconsciemment l'image que les autres lui renvoient, chacun répond aux demandes adressées par les autres et s'il arrive que ce soit pour le meilleur, c'est aussi souvent pour le pire. Le regard, les jugements des autres ne sont pas inoffensifs. Ils induisent des effets réels dans la conscience qu'un sujet prend de lui-même. III Dépassement. La subjectivité est toute pénétrée d'intersubjectivité, soit. Cela ne signifie pas qu'une intériorité puisse mieux se saisir que dans un mouvement réflexif. Or la réflexion est par définition une opération ne mettant en jeu qu'un sujet essayant de clarifier sa présence à lui-même. Par exemple, même s'il est vrai qu'une identité ne prend conscience de sa singularité que par la médiation d'une altérité, ce ressaisissement de soi-même ne s'effectue que dans la solitude d'un effort personnel. Par exemple encore, j'ai développé mes ressources en pensée par la fréquentation des grands penseurs mais c'est solitairement que je peux prendre conscience de ce que penser veut dire et surtout de ce que la pensée m'assigne comme essence » Hegel. J'ai pris conscience d'être une liberté dans la confrontation parfois violente avec d'autres libertés mais cette prise de conscience, nul ne peut l'opérer à ma place. J'ai eu besoin du regard des autres, de la présence d'autres consciences en dehors de moi pour prendre de la distance avec moi et devenir capable de me juger comme une autre conscience peut le faire. Mais si la présence de l'autre est un catalyseur, elle ne saurait me dispenser de juger par moi-même. Et l'on sait combien les passions oeuvrant dans les rapports humains sont de puissants motifs d'aveuglement. Notre propre intérêt, disait Pascal, est un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement ». La solitude délivre du désir de paraître, de jouer des rôles convenus, de s'abandonner aux facilités de la mauvaise foi ou de l'amour propre. On s'avoue dans le face à face solitaire avec soi ce que l'on n'avoue que rarement aux autres. La solitude est nécessaire à une certaine sincérité il faut relativiser car il n'est pas rare que les hommes se mentent à eux-mêmes, même dans la solitude et même s'ils ne sont pas tout à fait dupes de leurs mensonges, mais si elle est une condition propice, elle ne saurait se passer du commerce avec les autres car sa fécondité tient au fait qu'elle est ressaisissement de ce qui s'est construit et approfondi dans une expérience intersubjective. Conclusion Seul peut prendre conscience de soi celui qui est advenu à la conscience et à la capacité de synthétiser la multiplicité et la diversité de ses états dans l'unité et l'identité d'un Je. L'être coupé de tout rapport humain est inapte à ces opérations. Il est condamné par l'isolement à l'hébétude d'une condition sauvage. Le sauvage est un animal stupide et borné » disait Rousseau. Reste que si l'intersubjectivité est une condition de la subjectivité, celle-ci ne s'éclaircit jamais mieux que dans la solitude d'un effort personnel. Solitude si peuplée de la présence des autres que le champion du solipsisme lui-même, atteste de l'être relationnel de l'homme. Descartes n'est pas seul. Il a besoin du dieu trompeur pour s'assurer de lui-même et si la certitude de Dieu est quasi contemporaine de la certitude de lui-même, c'est que Dieu est peut-être l'autre absolutisé. Partager Marqueursaltérité, autrui, conscience, identité, intersubjectivité, langage, pensée, solipsisme, solitude, subjectivité
la conscience de soi est elle trompeuse